Gagner au poker a son prix

Jeudi 5 juin 2025

Reportage - rsi.ch - Livio Chistell (SRF)/sf

Le prestige et l'argent attirent des milliers de joueurs autour des tables de jeu, comme au Casino de Campione, mais les apparences sont souvent trompeuses. À midi pile, les portes du Casino de Campione d’Italia s’ouvrent pour un tournoi international de poker. La cagnotte dépasse les 2,3 millions d’euros. Plus de deux mille joueurs de poker, portant lunettes de soleil ou capuches, rêvent de décrocher le gros lot. Le jeu se prolongera jusqu’à 3 heures du matin.

Parmi eux, Stefan Eggenberger. Ce Suisse mise tout sur le poker depuis 5 ans. Il participe régulièrement à ces grands tournois, espérant un bon classement et un gain important.

Même s’il repart souvent les mains vides, Stefan reste calme lors de ce tournoi. Il suffit de remporter quelques tournois par an avec des cagnottes élevées pour compenser de longues périodes sans victoire. Ces derniers mois, cependant, les choses n’ont pas bien marché, et il commence à ressentir la pression. Avec ses jetons, il s’assoit à la table. Il lui faut maintenant beaucoup de patience, une bonne stratégie, de la concentration… et un peu de chance.

En Suisse, certains joueurs de poker ont accumulé des gains de plusieurs millions au fil de leur carrière. L’un d’eux est Vladimir Geshkenbein. Grâce au film de James Bond Casino Royale, un engouement pour le poker a explosé en 2007, allumant la passion de Vladimir. À l’époque, il venait de terminer le lycée. Sans formation ni études universitaires, il s’installe à Malte dans un appartement partagé avec d’autres passionnés de poker, où il se consacre entièrement au jeu.

Il commence bientôt à participer à des tournois internationaux. À 20 ans, il remporte son premier gros gain : un quart de million de dollars rapporté de Macao en Suisse, dans une valise pleine de billets. Sa carrière dans le poker est lancée. Il devient une star du milieu et apparaît à l’époque en couverture de plusieurs magazines. Selon les revues spécialisées, il a remporté au total plus de 2,5 millions de dollars aux tables de poker. Mais tout n’a pas été parfait : parfois, Vladimir s’est retrouvé sans le sou. Car là où l’on peut gagner gros, on peut aussi perdre gros. À un moment, il en a eu assez de l’insécurité financière et du stress. Aujourd’hui, cet ancien professionnel a repris des études et a ouvert un service de livraison de sushis ainsi qu’un restaurant. Sa vie est moins palpitante qu’avant, mais cela lui convient.

Au Casino de Campione, Stefan Eggenberger est à la table de poker depuis 10 heures. Dehors, la nuit est tombée, mais cela n’affecte pas les joueurs de poker, habitués à veiller tard. En tant que professionnel, dit-il, il faut apprendre à vivre en dehors du quotidien des amis et de la famille.

Son tas de jetons s’est réduit à une petite pile. Ce jour-là, il quitte encore le tournoi les mains vides. Immédiatement, il s’inscrit au prochain tournoi organisé dans le casino.

Stefan reconnaît aussi le risque de dépendance comme un problème. « Je vois toujours de bons joueurs de poker qui, après une partie sans gains, tentent de récupérer leurs pertes à la table de roulette. » Cela peut mener à un cercle vicieux qui conduit à la dépendance.

Gagner de grosses sommes au poker n’est pas impossible. Mais le prix à payer en tant que joueur professionnel est élevé.

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Risque de dépendance au poker

Selon Addiction Suisse, environ 300 000 personnes en Suisse sont considérées comme dépendantes au jeu d’argent. Dans le cas du poker, le potentiel de dépendance réside dans le fait que le jeu est constamment disponible en ligne. Il permet des mises immédiates et, en raison des pertes ou gains rapides, incite à continuer à jouer.

En cas de problèmes de dépendance au jeu, la ligne gratuite 0800 040 080 est disponible pour des conseils anonymes 24 heures sur 24. Il est également possible d’obtenir des conseils en ligne sur le site SafeZone.ch.

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