De gendarme à directeur du Casino de Fribourg
Mardi 24 juin 2025
Cyril Lecherf est à la tête de l’établissement sis à Granges-Paccot depuis la fin de l’année passée.
e la gendarmerie à la tête du Casino de Fribourg. Tel est le parcours peu ordinaire de Cyril Lecherf, qui dirige l’établissement sis à Granges-Paccot depuis décembre 2024. Portrait de ce «calme dynamique», un peu après le seul vendredi 13 de l’année.
De temps à autre, les mains du Fribourgeois d’adoption réorganisent sa barbe. Son visage reste stoïque, telle une poker face, alors qu’il sort de sa mémoire une surprise après l’autre. Enfant, il rêvait de devenir médecin, d’autant plus que ses résultats lui ouvraient une voie royale – il indique avoir sauté des classes. C’était sans compter une première année en Faculté de médecine, à 17 ans, qui l’a fait changer d’avis.
D’abord croupier
Cyril Lecherf opère alors un virage à 180°, plongeant dans une carrière de gendarme. «C’est là que j’ai appris à voir la vie autrement, à relativiser l’importance des choses et des priorités», confie celui qui œuvrait dans des troupes d’élites. Mais une blessure le contraint à changer une nouvelle fois de vie, alors qu’il allait intégrer une unité spéciale à Paris.
La passion du poker sert de boussole. Sur les conseils d’un ami, il postule dans un casino du Touquet, dans le Pas-de-Calais, et y fait ses premières armes en tant que croupier. «Ça allait bien, et après un an, j’ai choisi de changer d’horizon, car les possibilités de mobilité sont faciles dans le groupe Barrière, en Suisse et en France, (dont fait partie le Casino de Fribourg, ndlr). Comme je venais de la mer, j’ai voulu voir les montagnes.»
« Comme je venais de la mer, j’ai voulu voir les montagnes »
A 24 ans, Cyril Lecherf met donc le cap sur le Casino de Fribourg, dont il connaît bien le directeur, Christophe Lancel. Tous deux avaient travaillé au Casino Barrière du Touquet. Le Français se sent comme un bouquetin dans les Alpes: de croupier, il devient chef de table, superviseur, puis enfin directeur adjoint. Un poste qu’il quitte pour prendre la direction du casino de Courrendlin (Jura) en 2018. L’aventure dure jusqu’au Covid, qui débouche sur… une place sur le vaisseau mère, le Casino de Montreux. «A Fribourg, il y a 49 collaborateurs contre 200 à Montreux», compare le jeune quadragénaire.
Et d’évoquer de belles facettes du métier, comme la venue d’illustres clients. Conor Mc Gregor, pratiquant irlandais d’arts martiaux mixtes (MMA), a notamment fait le plein de selfies au Casino de Montreux, tandis que l’animateur français Cyril Hanouna a débarqué une nuit «au casino de Courrendlin pour boire un verre». Reste un grand moment de solitude, lorsqu’un usager lance un jour à Cyril Lecherf: «Vous m’avez reconnu?» Quelques secondes embarrassantes s’écoulent avant que le directeur ne remette un nom sur le visage: «Il s’agissait du navigateur Loïck Peyron.»
C’est finalement le départ de Christophe Lancel du Casino de Fribourg, l’année passée, qui rebrasse les cartes. Lorsqu’il l’apprend, le sang de Cyril Lecherf ne fait qu’un tour: ce poste est pour lui. Les étoiles rechignent d’abord à s’aligner, car une pétition du personnel demandait à Christophe Lancel de rester. «Mais c’était avant qu’on ne sache que je reprenais les rênes, sinon, ça aurait pu me faire un peu de peine», admet le Fribourgeois d’adoption, assurant qu’il était «parti apprécié» à l’époque.
Ce n’est pas Jean-Philippe Fleck, responsable technique au Casino de Fribourg, qui dira le contraire: «Cyril reste à l’écoute, ce qui est rare aujourd’hui. Il fourmille d’idées et apporte un élan de fraîcheur.» Se définissant comme un «calme dynamique», l’intéressé admet de bon cœur que l’impatience fait partie de son caractère.
Fan de Fribourg Olympic
Cyril Lecherf est donc ravi d’avoir retrouvé son port d’attache. Une preuve? Il est fan du HC Fribourg-Gottéron et du Fribourg Olympic. «J’ai aussi joué au basket à Villars-sur-Glâne», glisse le directeur, qui vit à Neyruz avec sa compagne. De son côté, Christophe Lancel salue les «qualités de travailleur» de son collègue: «Voir revenir à la direction et dans le même casino une personne qui a commencé tout en bas est atypique dans la profession.»
Les défis ne manquent pas. Dans un contexte où les usages évoluent et où les jeux en ligne occupent une place croissante, Cyril Lecherf aimerait proposer davantage de spectacles et installer le Swiss Jackpot, avec plus de 2 millions à gagner sur certaines machines. Prévoit-il de rester seize ans, comme son prédécesseur? «Ce qui compte, c’est de s’inscrire dans un cycle suffisamment long pour insuffler une vraie dynamique», répond-il malicieusement.
source : laliberte.ch/Lise-Marie Piller)
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